Le Centre national des arts plastiques et France Culture s’associent pour permettre à des créateurs dont le travail relève du secteur des arts plastiques de proposer un Atelier de la Création Radiophonique (ACR) diffusée sur France Culture dans le cadre de l’émission les Ateliers de la création.

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«Nous sommes à St Mélany en Ardèche, au dessus des Gorges de la Drobie, dans les éboulis, les châtaigneraies, parmi les sangliers.

L’association Sur le Sentier des Lauzes m’a invitée pour créer des pièces sonores en dialogue avec un paysage en pleine mutation. Je suis restée plusieurs saisons dans l’atelier refuge que Martin Chenot, l’initiateur de cette association,  a fait construire pour accueillir les artistes.

L’atelier domine la vallée, comme un bateau dans la végétation. La nuit, les sangliers s’approchent. On les appelle aussi des cogliers, des sanglocochons, ou des sanglions. Ils se sont  accouplés avec des cochons et ont depuis 38 chromosomes au lieu de 36. Ils se reproduisent à vitesse grand V.

C’est la guerre sur le territoire, entre les habitants et les bêtes noires devenues trop envahissantes. Ce sont des discussions et des polémiques incessantes.

En relation à ce contexte, j’ai  composé une fresque sonore comme un bestiaire, une fable avec un monstre à tuer à la manière d’un king kong ardéchois, avec des militaires qui s’organisent, des gens qui chutent, des gens qui chassent, des promeneurs amoureux et une avalanche de caillasses pour finir.

Il ne s’agit pas du tout de parler du paysage mais de se laisser traverser par lui.

Ma pièce est une épopée où il ne se passe rien, peuplée de bêtes, d’idiots explosifs, de motifs parlants, de repentirs, de transparences et d’inquiétude; dans le bruit des avions qui survolent la vallée; entre les coups de feu et les pubs. Les pubs à gogo;  de la propagande verte pour protéger la planète car, quand même, nous sommes à la radio…

Nous faisons des aller-retours sous l’arbre en téléphonant, nous sommes les marionnettes d’une silencieuse profondeur bleue et verte.

Devant la frontalité du silence et l’ampleur des éléments, nos paroles passent et nous sommes là,  comme du bruit, des moulins à paroles.».

Anne de Sterk