Antoine Chanteloup
[ Résidence Labo avril 2019 ]
La beauté du monde, Avril 2019
3’56, chanson écrite, composée et clip réalisé à l’atelier refuge
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Ici, une autre chanson écrite en 2018 : Le soleil qui cogne
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texte envoyé par Antoine Chanteloup en 2018
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Ecrire des chansons où un ruisseau coule, où des insectes se posent, des airs sur lesquels quelque chose peut pousser. Des chansons qui soient vertes* ?
Des études d’art m’ont plutôt fait pencher du côté de la vidéo, du documentaire (et on m’a souvent reproché d’être plutôt glaise que béton…), mais depuis toujours je chante des chansons. Dans mon coin, dans ma chambre d’enfant, dans le grenier où j’ai vécu quelques années (au milieu des bois, dans la Sarthe)… Pourtant je n’avais jamais vu cela comme une pratique que je puisse assumer, partager, jusqu’à ce que des amis musiciens s’y penchent et me poussent à réaliser que j’y passai le plus clair de mon temps. Mieux encore, qu’il pouvait bien se trouver quelques oreilles pour les entendre et y trouver du plaisir, de la douceur — de quoi même, parfois, penser, se donner des forces… Alors, depuis peu, je les enregistre, j’ose.
Ces chansons, ouvertes, oscillent entre une certaine obscurité, un côté alambiqué, et une lumière plus vive, chaleureuse, directe, qui pourrait parler à chacun, les faire plus évidentes (les chansons traditionnelles, le « répertoire folk », ont une grande place dans mon approche de la musique). Cette chose plus « aimable » tient beaucoup, je crois, à la présence insistante, dans les textes, des oiseaux, insectes, végétaux… traces de mes lectures (l’entomologiste Jean-Henri Fabre, l’écrivain de l’agriculture Jean-Loup Trassard, le poète-paysan John Clare…), de la fréquentation de botanistes, d’une enfance dans les arbres, à descendre aux framboises et jouer dans les fougères. Un ami les qualifie de « chansons potagères », amusé par la quantité de légumes qui les envahit parfois.
Mais depuis deux ans je vis à Marseille, et quelque chose manque.
Le surnaturel « toujours déjà là » manque. Comme l’écrit Ramuz dans son journal, il devient nécessaire de « ne pas voir à la suite d’une idée, c’est-à-dire se “documenter”, mais que l’idée naisse de la vision, comme l’étincelle du caillou. »
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* Francis Ponge dans son texte Le Pré, prépare « la page où puisse aujourd’hui naître Une vérité qui soit verte. »