Christine Quoiraud
[ Résidence Labo Septembre-octobre 2019 ]
Christine Quoiraud mène une recherche en danse, soutenue par le Centre National de la Danse à Paris. Elle a déposé ses archives au CND et depuis retrace l’écriture, l‘investigation d’un processus vers la danse, venant du Japon : le Body Weather Laboratory initié par Min Tanaka en 78, chorégraphe avec qui elle a dansé durant cinq ans.
Elle transmets cette pratique depuis 1990. IL s’agit dans cette recherche, de revisiter tous les exercices propres au toucher, spécifiques au BWL. La lenteur en est un des fondamentaux.
La résidence au Sdl est l’occasion pour elle de revenir à une pratique personnelle régulière. Suite à sa résidence, Christine Quoiraud nous a transmis ce texte-poème.
feuilleté des jours
Constante la modulation pâlissante
de la lumière matinale
Le froid du bout de ses pincettes
force à baisser la tête
Renoncement.
La lumière, à gorge déployée
et le souvenir bruissant des cigales
ne clament pas les vertus du passé.
Je suis traversée par le
souvenir, tendue vers la
promesse.
Avec le temps, je passe.
Ce qui passe,
trépasse.
Le poème prolongé par les
fougues neuves et bordées
d’étincelles.
Relais de mots. Poèmes ribambelles.
Graffeurs sauvages et sages
Louant le vivant du ventre
bleu des cieux, le mieux des Dieux
Les ceux du Ciel et de la Terre.
La danseuse incline bas
son front téméraire.
Elle ne peut plus plier.
Pour elle, le lieu, ce milieu
dans le dos de ses yeux
fractionne les palpitations imperceptibles
du temps. Le temps s’envole.
Il s’est posé, l’instant d’un oiseau
va savoir pourquoi sur la branche
d’en face.
Le paysage est nu d’arrière-pensées.
La beauté s’y distille quand
la bonté des hommes semble
un vœu vain.
Qui se soustrait d’ici ?
L’homme de son milieu ?
Mais la dragonne nous environne
de pas son dernier mot à dire.
Elle nous dira, sans doute l’homme
fut un fétiche bon pour son
carnaval. Il fut ”bon à tirer”.
Mais sans espoir. Il faut le
retirer. Du sol et de l’éther. L’homme
a l’œil mauvais et l’air de rien.
Ce matin-là je vis l’oiseau.
Ils étaient deux et picoraient la
feuille de châtaigner. On entendait
l’échange discret de leurs abréviations matinales.
D’un même vol, ils
quittèrent la branche.
Perchée en haut du monde
je remercie ceux
qui m’ont amenée, là.
Le la.
Pas trop de joie
Pas trop de goût
Pas trop de vœux
Ne pas vouloir
ni vouloir ne pas vouloir
Alors viennent et j’y vais
les jeux du lieu
et la joie de mes yeux.
Christine,
octobre 2019