Mathilde Ramadier Résidence 1

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Mathilde Ramadier, dessin, 2013

[ Résidence Labo septembre 2013 ]

“ Je suis scénariste de bande dessinée, philosophe de formation. J’ai passé une semaine à l’Echappée afin de me plonger dans l’œuvre d’Arne Næss (1912-2009), penseur norvégien de l’écologie profonde (deep ecology), puis de commencer à écrire une fiction imprégnée de sa philosophie.

En parallèle de sa vie à Oslo, Arne Næss a vécu dans une cabane dans les montagnes, le refuge Tvergastein, lieu qui a contribué à laisser s’épanouir sa pensée centrée sur la nature et le paysage. Pour lui, le contact avec la vie sauvage est indispensable car il stimule à la fois le sentiment d’appartenance à l’écosystème et le développement d’une identité propre.

« Il marchait sur le sentier, dont seuls les cailloux, un peu plus plats que les autres, laissaient penser que c’était le chemin à suivre. Le lichen des roches révélait des formes presque psychédéliques. Alors qu’il avançait d’un pas régulier et décidé, il tentait, vainement, de se débarrasser des moustiques venus l’agresser. Le chemin marqua un virage, passa devant un petit tas de cailloux et puis, enfin, entre les bouleaux striés, la rivière apparut.

Contrairement à ce qu’il aurait cru, la vie urbaine n’était pas venue à bout de son émerveillement pour le sauvage.

La baignade fut un mélange de joie primitive et de jouissance narcissique. Il s’aspergeait d’eau en continu en poussant parfois de légers cris d’abandon, prenant un plaisir fou à admirer ses mains, ses bras et ses jambes, sur lesquels perlaient gracieusement des gouttes d’eau presque glaciale.

Il avait l’impression de renouer, partiellement, avec une forme de vie du passé, sans pression, sans regard extérieur, sans compétition. Cette expérience toute simple et concrète le plongea dans une attitude méditative pour le reste de la journée, dans laquelle il s’abandonna doucement.

Il n’était plus question de revenir en arrière. Après tout, c’était peut-être cela, le but du voyage, son risque : revenir un jour et constater que plus rien ne serait comme avant. Assister impuissant au spectacle des choses qui se soulèvent.” M.R.

“Il nous faut nous comparer à la montagne, dit Arne Næss, ce qu’il faut entendre de manière littérale et non pas métaphorique comme l’est peut-être la formule du surhomme de Nietzsche, qui contemple de haut l’humanité passée « six mille pieds au-dessus de la mer, et bien plus haut au-dessus de toutes les choses humaines”. La montagne dont il s’agit ici est bien vivante et réelle : elle est le modèle d’une nature admirable au sein de laquelle nous pouvons pleinement vivre et évoluer. Apprendre à son contact la modestie, c’est aussi bien développer l’une des vertus les plus caractéristiques de l’humanité.“

Mathilde Ramadier

https://mathilderamadier.com/

A lire aussi dans Rue 89, « Dans une start up à Berlin, j’ai découvert le cynisme absolu »

http://rue89.nouvelobs.com/rue89-eco/2013/05/14/start-up-a-berlin-jai-decouvert-cynisme-absolu-242288


Événements

Mathilde Ramadier en [ Résidence Labo ]

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Août 2014

Atelier Refuge | St Mélany

Mathilde Ramadier en [ Résidence Labo ]

Rencontre

Avec Mathilde Ramadier, journaliste et scénariste de bande dessinée autour de la pensée d’Arne Naess, philosophe norvégien, inventeur du concept d’écologie profonde. Actuellement en résidence Labo pour son deuxième séjour, elle travaille à l’écriture d’une biographie d’Arne Naess.