Le jardin des figuiers
Sous l’Elzière, au débouché de « Parole de lauzes », œuvre de Domingo Cisneros, le paysage s’ouvre sur un impressionnant coteau de terrasses de vignes.
C’est précisément là, sur ces terrasses, que l’on peut découvrir ce lieu du sentier des lauzes, d’une nature un peu différente cette fois : le jardin de figuiers.
Dès 2009, Sur le sentier des lauzes a conduit avec le paysagiste Bertrand Retif un projet agri-culturel de jardin des figuiers.
L’objectif est double :
- Réhabiliter des terrasses situées le long du sentier pour y installer une collection de figuiers, issus de variétés locales.
- Engager des actions de médiation culturelle associant les habitants de la vallée, en leur proposant de marcotter, greffer et bouturer leurs figuiers, sorte de parrainage du projet.
Ce sont donc cette fois, non plus des artistes, mais les habitants de la vallée qui ont été invités à intervenir sur le sentier en transmettant des bouts de «leurs» figuiers pour conserver ces variétés locales auxquelles plus grand monde, aujourd’hui, ne prête attention.
Ainsi ont été plantées des Col Long, Grises de St Jean, figues blanches, Cols de dame, Noires de Caromb…
Plus qu’un arbre, c’est un bout de leur histoire, un bout de mémoire de ce paysage que les habitants ont été invités à partager ici. Eux qui, aux fils des ans, ont tous, chacun à leur manière, façonnés ce paysage. Et, à travers cet échange, nous sommes invités, nous promeneurs, à poursuivre cette conversation paysagère engagée sur le sentier des lauzes depuis 13 ans.
Mais les paroles s’envolent, c’est bien connu ! Rabelais raconte même « qu’Aristote pensait que les paroles volent et sont donc animées. Aussi, lorsqu’elles sont prononcées par un rude hiver, elles gèlent, se transforment en glace, et personne ne les entend plus. (…) Il conviendrait donc de nous demander si nous nous trouverions ici dans un lieu où de telles paroles peuvent dégeler » (Pantagruel 1532).
Au final cette plantation de figuiers veut aussi retisser les liens qui nous unissent à cet arbre familier, arbre « civilisateur » par excellence, et au paysage.
Extrait d’un texte de Véronique Mure, botaniste-paysagiste associée, automne 2015.
1- Le Porjet initial de Bertrand Rétif