« Dans l’ombre des papillons de nuit »
Intervention de Michel Massi
En réponse à une réflexion sur le thème de la nuit
Installation vidéo et lumière, le long du sentier
La nuit sur un sentier
La nuit sur les franges d’un paysage qui se laisse désirer, se dérobe, et s’ouvre en paysages intérieurs.
Un paysage qui devient la somme de pas, où les images ponctuent et éclairent la nuit du chemin sinueux.
Des images pleines de la nuit étoilée qui les entoure, qui construisent des histoires qui échappent. Des images qui conduisent à l’atelier / chambre noire.
Là, avant de passer de la nuit au noir, regarder là d’où l’on vient, et voir venir vers soi ce qui va produire « l’image » dans l’atelier.
Passage d’un dehors à un dedans.
Relation de deux nuits, de deux noirs, de deux chambres noires.
Analogies improbables, évidences suspectes, renversements de sens… l’image cul par-dessus tête comme à la genèse de sa formation optique.
L’installation
La nuit et le noir.
La nuit en pleine nature resserre les limites du corps et stimule d’autant l’ imaginaire.
La nuit est la matière même, le support de cette installation.
Faire de la nuit le lieu privilégié d’apparition de l’image et de sa délicate alchimie. Réminiscence de la révélation de l’image photographique dans la pénombre du laboratoire.
Le noir, dans un demi-sommeil, le rêve partagé du cinéma.
Inviter à retrouver un émerveillement -un peu émoussé aujourd’hui- celui de la matérialisation et de l’apparition d’une image dans le noir.
L’installation prend appui librement sur les éléments du sentier – murs, arbres, végétaux, ruisseau…. Elle en exploitera les configurations pour y situer une série d’événements lumineux et sonores. Saynètes vidéos combinées à des ombres chinoises ou à des objets, vidéo projections illusionnistes, fictions sonores. Passages secrets, reflets provenant de miroirs incertains, trompe-l’œil… Grand-petit, proche-lointain, animé-inanimé. Autant de portes ouvertes et de pertes de repères possibles.
Avancer dans la nuit, les yeux écarquillés, d’une lueur à l’autre, jusqu’à la prochaine apparition. La nuit qui déréalise l’espace et contraste avec la précision des images qui se forment sur la rétine.
Quelque chose de simple advient par la rencontre d’une apparition lumineuse, décontenance, charme, et se ressent comme à la fois tangible et magique.
Un jeu entre la fragile présence de ces événements et le souvenir du paysage, entre la matérialité des objets et l’évanescence de l’image faite de lumière, entre ce que l’on a vu dans la nuit et ce que l’on observe dans le noir de la chambre noire.
Plaisir de la rencontre et de la fabrication éphémère du sens au gré des suppositions multiples.
Une manière aussi d’évoquer discrètement notre relation ténue aux apparences dans un univers débordant d’images de toutes natures et où notre rapport à la fiction se fait de plus en plus équivoque.
Descriptif technique
L’installation sera montrée par une nuit sans lune*.
Elle prend place sur une portion du sentier des Lauzes d’à peu près 1 km, qui va d’un point A, « Paroles de lauzes » (sculptures de Domingo Cisneros) à un point B, l’atelier refuge « l’Echappée », qui sera transformé en chambre noire.
À une quinzaine d’endroits le long du chemin, seront présentés des événements lumineux et sonores (vidéos sur petits moniteurs, vidéo projection, ombres chinoises, diorama…).
Ils seront les uniques sources de lumière ponctuant la nuit pour se repérer et se déplacer sur le chemin.
Le point A sera relié au point B par un petit funiculaire qui acheminera le dernier événement de l’installation que l’on observera dans l’Echappée / chambre noire.
La visite démarre à nuit noire vers 23 Heures et se fait par petit groupe d’une 10aine de personnes (à préciser) pour se reproduire jusqu’à tard dans la nuit en fonction du nombre de visiteurs.